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Solaire: la guerre est déclarée entre les fabricants européens et chinois

PARIS (AFP) - 26.07.2012 22:58

Les fabricants européens et chinois de panneaux solaires sont à couteaux tirés: les premiers réclament à l'UE de prendre à l'image des Etats-Unis des mesures contre leurs rivaux asiatiques qu'ils accusent de dumping, déclenchant les protestations de ces derniers.

 

Une vingtaine d'industriels du Vieux continent sont montés à l'assaut jeudi. Rassemblés au sein d'un groupement baptisé "EU ProSun", ils ont appelé Bruxelles à ouvrir une "enquête sur les pratiques commerciales déloyales des fabricants chinois de produits solaires".

Ces entreprises européennes reprochent à Pékin d'accorder des prêts importants et autres mesures protectrices à leurs rivales chinoises qui leur permettraient d'écouler leurs modules à des prix inférieurs à leurs coûts de production. De telles pratiques sont bannies par l'UE et par l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

"Nous avons en Europe l'industrie solaire la plus innovante et avancée au monde, mais nous sommes mis en difficulté et assistons à des dépôts de bilan à cause de ces produits chinois vendus à des tarifs qui sont jusqu'à 55% inférieurs à leurs coûts de production", a affirmé à l'AFP Milan Nitzschke, président de EU ProSun, et vice-président du fabricant allemand SolarWorld.

Cette offensive a été déclenchée par les fabricants européens alors qu'ils ont vu leurs parts s'effondrer ces dernières années au profit de leurs rivaux asiatiques. D'après un classement établi par l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), sept des dix principaux fabricants mondiaux de modules photovoltaïques sont chinois.

L'Allemagne, en particulier, pionnière de l'industrie photovoltaïque (c'est là que le modèle des tarifs de rachat a été inventé) est la plus affectée. Les producteurs locaux de cellules et panneaux solaires déposent le bilan les uns après les autres, jusqu'au fleuron du secteur Q-Cells.

En France également, le groupe Photowatt, autre vétéran du photovoltaïque tombé en disgrâce, n'a dû son salut qu'à son rachat par EDF en début d'année.

Du coup, les industriels veulent que l'Union européenne prenne des mesures de rétorsion douanières, sur le modèle des Etats-Unis qui ont instauré en mai dernier de fortes taxes sur les importations de produits solaires chinois.

Contre-offensive chinoise

Face à cette levée de boucliers, les fabricants chinois ont pris les devants, en formant leur propre coalition, l'Afase (acronyme anglais d'Alliance pour une énergie solaire abordable), qui accueille aussi des fournisseurs et sous-traitants européens.

En plus de rejeter avec vigueur les accusations de dumping, ils font valoir deux arguments. D'une part, taxer les panneaux chinois ferait grimper le prix de l'électricité solaire, et contrecarrerait les objectifs environnementaux européens. D'autre part, cela frapperait indirectement toute la chaîne de fournisseurs et autres sous-traitants européens qui travaillent pour eux.

Le géant chinois du secteur Suntech, qui dispute le leadership mondial du photovoltaïque à l'américain First Solar, est sans surprise un des fers de lance de cette contre-offensive.

"Toute taxe punitive supplémentaire contribuerait également à la destruction de milliers d'emplois dans l'industrie solaire européenne", a expliqué mercredi à l'AFP Jerry Stokes, président de Suntech Europe.

Reste à voir quelle attitude Bruxelles prendra. La porte-parole du commissaire européen à l'Environnement a affirmé jeudi que la Commission n'avait pas encore reçu de plainte d'EU Prosun, mais M. Nitzschke a assuré à l'AFP qu'elle avait bien été déposée cette semaine.

Une fois cette demande d'enquête antidumping dûment enregistrée, la Commission aura un mois et demi pour décider si elle est recevable. L'Allemagne s'est déjà engagée à soutenir ses industriels dans leur démarche.

© 2012 AFP



27/07/2012
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