Économie verte, le Burkina en fait-t-il partie ?
Le 5 juin de chaque année et ce, depuis quatre décennies, la communauté internationale commémore la Journée mondiale de l’environnement. Cette année encore, la tradition est respectée, avec un thème majeur et d’actualité : « Economie verte, en faites-vous partie ? ». Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, une économie verte peut se définir comme une économie qui apporte une amélioration du bien-être et l’équité sociale, tout en réduisant considérablement les risques environnementaux et les risques de pénuries écologiques (de ressources naturelles).
En d’autres termes, le concept d’économie verte peut être pensé comme un environnement économique qui ne produit que de très faibles émissions de carbone, où les ressources sont gérées efficacement et raisonnablement, et qui en même temps est socialement inclusif. Qu’il est bien beau cette définition, mais là où le thème devient intéressant, c’est de savoir si un pays comme le Burkina fait partie de l’économie verte.
Dans un Etat où l’autosuffisance alimentaire reste une priorité, où l’industrie reste embryonnaire et que l’Etat veut à tout prix attirer les investisseurs, l’environnement est-il la première préoccupation ? Dans un pays où le boom minier est considéré comme une aubaine inespérée et où l’objectif est de donner du travail aux chômeurs sans forcément tenir compte de la pollution de ces industries, peut-on vraiment parler d’économie verte ? Il est vrai que le Burkina a fait tant d’efforts depuis des décennies en matière de protection de l’environnement à travers de nombreuses actions et créations d’institutions. A titre d’exemple, les activités et approches suivantes s’inscrivent dans cette dynamique : la généralisation des opérations de reboisement avec les espèces utilitaires et adaptées, la valorisation des produits forestiers non ligneux, la promotion de l’agriculture durable, la création d’emplois verts (dans les filières pépinière, déchets, chasse, aquaculture, …), la promotion de l’utilisation de l’énergie solaire, etc. Toutefois, vu l’ampleur de la situation, il faut reconnaître que beaucoup de choses restent à faire.
Quand on sait que 85% de la population burkinabè tire l’essentiel de ses biens d’existence des ressources naturelles, peut-on continuer à produire sans repenser les modes de production à même de restaurer la fertilité des sols ? Peut-on prétendre disposer en tout temps du bois d’énergie, si la matière prélevée des formations naturelles ou plantations n’est pas restaurée par des aménagements adéquats et/ou reboisements intensifs ?
Peut-on éviter la surexploitation des ressources naturelles renouvelables, si celles-ci ne sont pas valorisées pour et par les exploitants potentiels eux-mêmes, c’est-à-dire, les populations qui vivent de ces ressources ? Autant de questions sur lesquelles le « pays des Hommes intègres » se doit de méditer et de trouver des réponses à l’occasion de cette Journée mondiale de l’environnement, s’il veut être au rendez-vous du développement durable.
Raphaël KAFANDO
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