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Electricité au Burkina : une denrée rare gaspillée

Tous s’accordent à dire que l’électricité est un puissant moyen de développement socioéconomique et de lutte contre la pauvreté. C’est pourquoi certains viennent à parler du droit à l’électricité : tous les êtres humains ont le droit d’accéder à la quantité d’énergie qui leur est nécessaire pour vivre décemment. Tout comme le droit à la santé, à l’éducation, à l’eau potable.

Au Burkina Faso, la mission de procurer l’électricité aux populations incombe prioritairement à notre société nationale qu’est la SONABEL bien que des opérateurs privés soient annoncés dans le secteur. L’objectif poursuivi par le pays est d’atteindre un taux d’électrification de 65% en 2015. Cet objectif noble, loin du droit de tous à l’accès à l’énergie, sera quand même un pas très important.

En passant par la production hydro-électrique, la production thermique et photovoltaïque, les interconnexions avec la Côte-d’Ivoire, le Ghana et bientôt le Nigeria, ce sont des centaines de milliards de francs que l’Etat consent ; disons le contribuable (ayant accès ou non à l’électricité) qui consent des efforts énormes à travers l’Etat et la SONABEL. Au regard des efforts d’investissements faits, on peut comprendre que chaque watt d’électricité est un bien très précieux.

Malgré tout, force est de constater, qu’au 31 décembre 2009, le taux d’électrification du Burkina Faso était de 25%, dont 70% en milieu urbain et 3% en milieu rural. Les localités couvertes par la SONABEL étaient au nombre de 104 en 2009, correspondant à un taux de couverture de 26%. Selon les données fournies par la SONABEL, le nombre d’abonnés étaient de 362 165 en fin 2010. Il ressort ainsi que près de trois (3) ménages sur quatre (4) au Burkina Faso ne disposaient pas d’électricité.
Il est presque probable que l’offre ne couvrira jamais, au grand jamais, la demande à cause des gaspillages souvent conscients, parfois inconscients de cette denrée précieuse et rare.
Pour illustrer ces gaspillages, nous prendrons seulement dans le présent article, le domaine de l’éclairage qui est une application très usuelle de l’électricité. Appuyer sur l’interrupteur et la lumière soit est un geste quotidien le plus usuel de tous les abonnés. Et c’est le domaine le plus simple pour réaliser des économies très substantielles avec la technologie actuelle des Lampes aux diodes électroluminescentes (DIEL en français) ou Light emitting diode (LED en anglais) qui permettent d’économiser plus de 50% à 80% la consommation électrique avec un meilleur confort (meilleur éclairage, plus longue durée de vie). Car l’économie d’énergie est tributaire du duo homme-matériel.
Les ampoules DEL/LED ont capitalisé toutes les leçons tirées des ampoules incandescentes, des fluorescentes et autres fluo compactes, des T5, etc. Il vaut donc mieux opter pour des technologies d’avenir que pour celles en voie de disparition. Les ampoules DEL/LED sont sans aucun produit toxique, ne se chauffent pas, n’ont pas un temps d’amorçage, éclairent mieux, sont incassables et durent au moins 50 000 heures. Dans les villages, nos parents ne paient plus le pétrole mais ont opté pour les lampes et les torches à LED de basse puissance. En ville, on préfère plutôt savourer la qualité des écrans téléviseurs plats à LED et on utilise les spots de plus de 60W, les lampadaires et projecteurs halogènes pour gaspiller l’électricité.

Quelques exemples de gaspillage de l’énergie à Ouagadougou

-  Entre l’échangeur de l’Est et celui de Ouaga 2000, la voie est éclairé par au moins 236 poteaux avec chacun 2 ampoules de type HPS de 250 Watts par ampoule, soit 472 ampoules. Allumées 10 heures par nuit, elles consomment 1 180 000 Watts (1 180 KWh). Ces ampoules doivent se chauffer d’abord avant de produire un éclairage (seulement 10% de l’électricité consommée produisent l’éclairage) et durent en moyenne 5000 heures. Elles ont besoin d’un ballast pour fonctionner. Si on utilisait des ampoules DEL/LED, on aurait utilisé pour le même tronçon et pour le même niveau d’éclairage, 472 ampoules de 90 Watts chacune soit une consommation par nuit de 424 800 Watts (soit 425 KW). Ainsi, 775 KW sont gaspillés par nuit sur seulement ce tronçon. Si le KWh est à 122 F CFA (éclairage public), ce sont 92 134 F CFA qui sont jetés chaque nuit (sans compter toutes les taxes et redevances). A ce gaspillage, il faut ajouter les coûts liés à la nécessité d’entretien fréquent. Ce n’est pas seulement l’éclairage public qui utilise ces lampes. On voit par exemple, le parking de l’aéroport rénové, la cour de l’INSD à Ouaga 2000, de SONABHY, de la CAMEG et autres. Même des concessions privées. Avec les DEL/LED, on aurait seulement utilisé des ampoules de 50 à 90 Watts.

-  Une surface commerciale de la place utilise 400 ampoules de type T8 fluorescente de 36 Watts chacune (sans le ballast et 40 Watts avec le ballast et le starter). Elle est ouverte 12 heures par jour, soit une consommation journalière de 172 800 Watts (172,8 KWh). Avec les ampoules T8 à DEL/LED, elle aurait seulement utilisé pour le même niveau d’éclairage 200 ampoules (car on n’a pas besoin de les mettre en duo) et de 18 Watts chacune pour une consommation journalière de 43 200 Watts (soit 43,2 KW). Ce sont ainsi 129,6 KW gaspillés par jour soit au moins 15 811 F CFA. A cela, il faut ajouter les nombreux changements. Une banque de la place a d’ailleurs été obligée de faire attendre des clients pour effectuer le changement
d’ampoules grillées.
On pourrait multiplier ces cas par milliers. Si seulement 10% des 362 165 abonnés (36 216 abonnés) changeaient 30 ampoules classiques par 30 ampoules DEL/LED, on passerait d’une utilisation horaire de 39 113 KWh à 19 557 KWh soit plus de 19 MWh (suffisants pour ne plus avoir besoin de location de groupes électrogènes et même éviter les délestages à Ouaga).
Il faut une prise de conscience de la nécessité de l’éco-éclairage. C’est un acte de solidarité et d’écocitoyenneté, bon pour le portemonnaie et pour l’environnement. Et notre Etat devrait penser à des mesures incitatrices d’économie d’énergie (pas seulement dans les bâtiments publics) mais pour tous les consommateurs. Il faut une approche holistique passant par l’efficacité énergétique, la fiscalité verte, les sensibilisations et formations, le partenariat public-privé, la mise à contribution des grandes sociétés (financières, de téléphonie et autres) trop énergétivores souvent pour relever le défi de l’électricité pour tous.


Ecrit par Gaston SOBGO et synthétisé par Raphaël KAFANDO



24/05/2012
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