La cigarette tue et pollue
Tirer une foulée de cigarette pour se faire plaisir met en péril sa santé et nuît l’environnement. Si les méfaits du tabac sur la santé sont bien connus, on se penche encore peu sur les effets néfastes de la cigarette sur l’environnement. Les chiffres sont éloquents : selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 200 000 hectares (ce qui équivaut à environ 275 000 terrains de football) de forêts sont défrichées annuellement pour la culture du tabac, ce qui représente 5 % de la déforestation totale dans les pays en voie de développement. Plus encore, il faut ajouter 200 000 hectares pour le bois nécessaire au séchage du tabac, accentuant davantage l’effet de serre. Plus de 8 kg de bois serait nécessaire pour sécher 1 kg de tabac ! De plus, le tabac génère 2,3 millions de tonnes de déchets industriels et 209 000 tonnes de déchets chimiques par an. Les mégots en particulier sont responsables d’une pollution visuelle et environnementale dans les villes. On estime que huit millions de mégots sont jetés chaque minute dans le monde, dont la plupart se retrouvent dans les rues et dans les égouts. Or, ces filtres contiennent des substances nocives qui se libèrent dans les réseaux d’assainissement des eaux encore non équipés pour les traiter. Nicotine, phénols et métaux lourds se répandent alors dans les eaux des stations d’épuration, un seul mégot pouvant polluer jusqu’à huit litres d’eau. Partout où ils sont abandonnés, les mégots peuvent être ingérés par les animaux sauvages ou domestiques et même par les enfants. Ils peuvent aussi causer, chez les petits animaux, un faux sentiment de satiété (ne plus avoir faim et arrêter de manger) et, dans le pire des cas, l’indigestion mène à la mort. Les mégots constituent l’un des déchets les plus importants dans les égouts et océans. Par exemple, dans la mer Méditerranée, ils ne représentent pas moins de 40 % des rebuts. Les mégots délaissés lors des balades en voiture créent également beaucoup de feux de forêts tous les ans, puisque souvent mal éteints. Ces feux, évidemment très nuisibles pour la couche d’ozone, émettent eux aussi d’importantes quantités de CO2 et de méthane. Par ailleurs, l’action même de fumer sa cigarette émet des gaz à effet de serre et contribue au réchauffement climatique. Selon la Fondation de recherche de la Florida State University, son rejet dans l’atmosphère représente 2,6 millions de tonnes de CO2 (équivalent à 865 000 voitures compactes parcourant 20 000 km annuellement) et 5,6 millions de tonnes de méthane, un gaz 21 fois plus nocif que le CO2. A cela, il faut ajouter le fait que la production de tabac appauvrit rapidement les sols en absorbant énormément d’éléments nutritifs, puisque la plante de tabac a besoin d’azote, de phosphore et de potassium dans une mesure plus grande que n’importe quel autre produit issu de l’agriculture. Le sol devenant vite fatigué, il faut sans cesse trouver de nouvelles terres cultivables. La quantité de territoires déboisés en est donc décuplée. Il est difficile de changer les habitudes de vie des fumeurs, de leur faire réaliser à quel point leur consommation est nocive aussi bien pour eux que pour leur environnement. Ce qui est certain, c’est que les effets négatifs des changements climatiques se feront de plus en plus ressentir et que la consommation de cigarette y sera toujours pour quelque chose.
Raphaël KAFANDO
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