Le pollueur doit payer !
Chaque jour, des milliers de personnes consciemment ou inconsciemment, sont victimes de la pollution industrielle au Burkina Faso. Des odeurs nauséabondes issues des industries à Kossodo, en passant par la pollution du cours d’eau du Massili et du marigot Houet, certaines industries burkinabè, il est clair, ne s’embarrassent ni de la protection de l’environnement ni de celle de la santé des populations. Selon le code de l’environnement, "est déchet industriel, tout résidu, sous forme liquide, solide ou gazeuse de quelque nature qu’il soit, issu d’un processus de fabrication industrielle ou artisanale, de transformation ou utilisation. Il s’agit entre autres des déchets des industriels chimiques, combustibles ou incombustibles, les produits phytosanitaires obsolètes, les boues d’épuration des eaux traitées, les boues industrielles, les huiles usagées, les émanations gazeuses et les eaux usées industrielles, les ferrailles, les épaves de véhicules de tout genre. Les déchets toxiques ou pathogènes des hôpitaux sont assimilés aussi à des déchets industriels". Ce même code stipule que les industries sont soumises à un cahier des charges et que le non-respect des obligations des cahiers des charges entraînera la responsabilité civile des dirigeants des sociétés concernées, sans préjudice des poursuites judiciaires éventuelles. Il est bien beau ces textes, mais à voir de près ce qui se passe souvent sur le terrain, l’on se demande si l’Etat prend vraiment les dispositions pour que ces textes soient respectés. Par exemple, une partie des déchets de Ouagadougou est évacué nuitamment dans la commune de Saaba par les sociétés de fabrique de plastiques, les grands commerçants qui y déversent les produits périmés, les sociétés de conditionnement d’eau de tout genre qui rejettent et/ou brûlent les sachets dans la commune. Les villages non loin de Bobo traversés par les cours d’eau se plaignent régulièrement de la pollution de leurs eaux, des huileries et autres industries qui n’hésitent pas à jeter les déchets dans les forêts hors de la ville. Malgré quelques dispositions prises, des unités industrielles continuent de déverser clandestinement des déchets dans le marigot Houet qui traverse la ville de Bobo, provoquant à plusieurs reprises la mort des silures sacrées. Et que dire des eaux polluées issues de certaines usines de Kossodo qui coulent et atteignent souvent (surtout en saison pluvieuse) le cours d’eau du Massili et contribue à sa pollution. Résultat, la nappe souterraine dans cette zone est polluée alors que l’eau polluée est utilisée par les jardiniers pour l’arrosage de leur culture. Cela expose les consommateurs de ces produits à des risques de maladies. En effet, la présence de nitrate dans l’eau entraîne les maladies mortelles chez les sujets jeunes. Le Cadmium des engrais stockés dans les plantes cultivées a des conséquences sur la digestion, le fonctionnement du foie et des reins. Dans le domaine de la foresterie et de la biodiversité, on assiste à des morts d’arbres, la disparition d’espèces végétales et fauniques, la mort de poisson, la perte et le déplacement d’espèces d’animaux sauvages vers des zones favorables. Combien de ces industries prennent la peine de soutenir un projet environnemental ou d’en initier afin de se racheter de leurs actes ? Même dans le cas où certaines sociétés ont la possibilité de traiter leurs eaux usées, aucune action n’est entreprise pour cela. A croire que ce qui compte vraiment, ce ne sont que les emplois créés et le profit que se font certains industriels. Tant pis si en passant, des personnes tombent malades ou meurent, des enfants naissent malformés et des produits alimentaires sont contaminés. Ce qu’on oublie, c’est que l’Etat dépense des milliards de FCFA après pour financer la santé, et que des bras valides meurent parce qu’on a négligé la prise en compte du respect de l’environnement par certaines industries. Il est vrai qu’aucune somme financière ne pourrait reconstituer la biodiversité perdue, ni guérir certaines maladies, mais il est temps qu’on exige de ces sociétés, des dédommagements non seulement pour les populations victimes de cette pollution, mais aussi des initiatives environnementales pour compenser un tant soit peu le mal fait à dame nature.
Raphaël KAFANDO
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