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Ouagadougou n’est pas une poubelle

Dans un quartier de Ouagadougou, un camion vient de stationner devant une boutique. Tout de suite un attroupement se forme autour du lieu. Le camion décharge son matériel composé de vieux ordinateurs, de portables dépassés, des chaussures d’un autre siècle, de dactylographes complètement hors d’usage, d’un réfrigérateur pratiquement rouillé, d’un téléviseur en souffrance… Les clients commencent à fouiller ce tas de déchets, chacun espérant dénicher l’objet rare, c’est-à-dire en état acceptable pour être réutilisé. Le problème est que 80% de ce matériel est obsolète et inutilisable. Il arrive même que certains produits ayant trouvé preneurs deviennent encombrants pour certains consommateurs car ne tardant pas à tomber en panne. La question que l’on se pose est : que deviennent ces déchets qui du fait de leur état piteux sont délaissés ? D’autant plus que les personnes qui manipulent souvent ce matériel n’ont aucune compétence en matière de gestion des déchets. C’est à croire que des pays comme le Burkina sont considérés comme des poubelles par certains pays occidentaux d’où viennent les containers d’objets. Le trafic des déchets toxiques est en effet, l’atteinte suprême portée au cadre de vie des populations africaines en ce siècle ; et il n’est pas exagéré d’affirmer que c’est une sorte de génocide contre ces pays qui connaissent déjà de graves problèmes. Peut-on vraiment être indifférent à tout ce que ces déchets provoquent comme conséquences au niveau du biotope, de l’environnement naturel de l’Homme ? On a l’impression que les populations et les dirigeants ne mesurent pas la portée réelle des conséquences dramatiques de ce trafic pour la santé des populations et l’existence des écosystèmes. En effet, ces produits en fin de vie comportent des teneurs assez élevées en métaux lourds (cuivre, plomb, zinc, cadmium…). Les déchets constituent une menace à la santé humaine et à l’environnement et principalement, aux populations voisines des décharges publiques, à cause des nuisances olfactives et des émissions gazeuses dont certaines comme la dioxine, les acides chlorhydrique et fluorhydrique sont toxiques et les métaux lourds dont les concentrations dans l’air sont très importantes à proximité des décharges. Les eaux superficielles, les nappes d’eau souterraines, les sols situés à proximité des décharges etc. sont contaminés souvent aussi par ces matières toxiques. Il est donc temps que les autorités prennent les dispositions idoines pour mieux contrôler ce phénomène qui prend de l’ampleur dans la capitale burkinabè. Sinon, il ne faut pas être étonné que Ouagadougou connaisse le même problème qu’Abidjan en Côte d’ Ivoire avec le déversement des déchets toxiques dans l’affaire du Probo Koala (plusieurs personnes intoxiquées dont des dizaines de morts) qui continue de faire des vagues aujourd’hui. Les consommateurs friands de ces produits doivent aussi faire attention, car certains appareils même apparemment en bon état pourraient dégager des matières toxiques pour leur organisme. Il est vrai que la situation de pauvreté favorise souvent ces pratiques, mais il ne faut pas que pour des produits qui ne leur serviront peut-être pas ils « chopent » un cancer ou toute autre maladie difficile à soigner. A bon entendeur, salut !

 

Raphaël KAFANDO



07/08/2012
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