A quand l’autosuffisance alimentaire en Afrique ?
Hier 16 octobre 2012, le monde entier s’est solidarisé à la lutte contre la faim, la malnutrition et la pauvreté, à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation. Une commémoration qui intervient au moment où la plupart des pays du Sahel vivent ou sont en train de sortir d’une crise alimentaire aigue. Plus de 50 ans après les indépendances, la majeure partie des pays africains n’a pas encore atteint l’autosuffisance alimentaire, pire, des milliers de personnes continuent de vivres sous perfusion alimentaire grâce à l’aide des pays développés et de certaines ONG. Selon la FAO, l’autosuffisance alimentaire « est la possibilité pour un pays de subvenir aux besoins alimentaires de son peuple par sa seule production ». Cependant l’Afrique est le seul continent où la production agricole par habitant a baissé au cours des vingt-cinq dernières années. C’est aussi le continent où l’agriculture a énormément souffert de politiques agricoles non adaptées. Le désengagement progressif de certains Etats africains, la priorité à l’industrialisation et à la monoculture de rente ont déséquilibré et fragilisé son rendement agricole. Sur les 53 pays africains, 43 d’entre eux disposent d’un faible revenu et connaissent un déficit alimentaire très important. Et pourtant ce ne sont pas les potentialités qui manquent. Le continent dispose aujourd’hui de vastes étendues de terres riches et propices à la culture de haut rendement ainsi qu’une population à majorité jeune, capable d’optimiser sa productivité agricole. Il y a donc nécessité de métamorphoser l’agriculture en Afrique en combinant plusieurs facteurs, à savoir une volonté politique pour inciter à la préservation des ressources naturelles, créer un environnement économique favorable, créer des infrastructures de qualité, adapter les technologies mais aussi promouvoir les moyens techniques traditionnels. Pour cela les gouvernements doivent penser prioritairement, dans leur budgétisation, à renflouer le financement du secteur agricole, investir dans la recherche pour trouver les solutions techniques les mieux adaptées à la situation africaine, assurer la maîtrise de l’eau, (selon la FAO, l’Afrique n’utilise que 4% de ses ressources renouvelables en eau), développer les infrastructures de base, telles que les routes, pour favoriser le transport des marchandises... Il appartient également aux gouvernements de mettre l’accent sur une agriculture écologique basée sur la valorisation des savoirs et savoirs-faire locaux car l’Afrique n’a plus le droit de rester pendant longtemps dans cette situation. En tous les cas, le chemin du développement de l’Afrique passe par l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, car aucun pays ne peut progresser si son peuple vit en insécurité alimentaire.
Raphaël KAFANDO
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