Course contre la montre à la conférence sur le développement durable Rio+20
Le Brésil devait prendre vendredi soir le relais de l'ONU pour donner un coup d'accélérateur à des négociations enlisées, engageant une course contre la montre avant l'arrivée mercredi des dirigeants mondiaux à la conférence sur le développement durable Rio+20.
La tension est montée d'un cran quand l'Onu a implicitement reconnu que la date fixée pour mettre au point le projet de document final, soit vendredi soir, serait dépassée.
"L'ennemi, aujourd'hui, c'est le temps qui passe", a reconnu Nikhil Seth, directeur de la division du développement durable à l'ONU, lors du point de presse quotidien.
"Il n'y a pas de blocage" des négociations, qui connaissent "des progrès lents mais solides", mais il reste d'importants points de désaccord, a-t-il admis. Et les progrès étaient lents : jeudi soir il n'y avait d'accord que sur 28% des 81 pages du projet soumis aux délégations, contre 25% la veille.
Les négociations ont connu d'ailleurs leurs premières vraies tensions, quand les représentants du groupe des pays en développement et de la Chine, appelé "groupe des 77+Chine", ont refusé jeudi soir de poursuivre les discussions sur le chapitre "économie verte", tant qu'elles n'étaient pas liées à celles sur les moyens à déployer pour mettre en oeuvre ce nouveau type d'économie.
Les négociations ont cependant repris vendredi matin.
Outre l'économie verte, un point particulièrement délicat des négociations, le projet traite de la nécessité d'une nouvelle gouvernance internationale de l'environnement, ainsi que des objectifs du développement durable qui veut allier préservation de l'environnement, lutte contre la misère et développement. Le texte devrait être non contraignant.
A l'ONU, on continuait à afficher un bel optimisme. "Une fois que certains des problèmes les plus compliqués seront résolus, je suis sûr que toute une série d'autres paragraphes seront clarifiés", affirmait M. Seth.
Faute d'accord, il est clair cependant que vendredi soir le Brésil, pays invitant, devrait prendre les rênes de la négociation.
Selon M. Seth, la dernière séance sous responsabilité onusienne se tiendra vendredi soir et il sera alors "formellement décidé" de transférer la responsabilité au Brésil. "Nous espérons tous que, d'ici au 19 juin au plus tard, nous aurons abouti à un texte", a-t-il indiqué.
Selon une ONG, les Brésiliens pourraient proposer un texte plus court, susceptible de débloquer la situation. D'ores et déjà, certains participants commençaient à craindre qu'on n'aboutisse au final qu'à un texte a minima.
Plusieurs ONG commençaient à manifester leur mauvaise humeur, relevant, comme WWF, que "quasi tous les chefs d'Etat européens" seront absents de Rio, "en principe pour un meeting sur l'économie de la Grèce". Mais si on ne s'occupe pas de Rio, "bientôt il y aura des meetings de crise sur l'économie de la planète", soulignait WWF.
En contraste total avec cette ambiance sans enthousiasme, le Sommet des peuples s'est ouvert à une quarantaine de kilomètres de là, sur fond de Pain de sucre, avec Indiens en peintures de guerre, adeptes du Candomblé (une religion afro-brésilienne) vêtus de blanc, fidèles de la religion d'inspiration hindoue Hare Krishna aux longues robes safran et à la musique lancinante.
Echo aux discussions qui se déroulent au Centre des congrès, le professeur d'économie H. M. Desarda de l'Université de Hyderabad (Inde), qui participe au Sommet des peuples, insistait sur les problèmes que connaît la planète, et citait le mahatma Gandhi: "Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son avidité".
Quinze mille participants devraient chaque jour prendre part à plus de 600 activités, expositions et débats qui se dérouleront jusqu'au sommet officiel des chefs d'Etat et de gouvernement, à qui ils remettront un cahier de doléances.
© 2012 AFP
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