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De la graisse et du piment pour refouler les éléphants

« Ils sont venus cette année arracher tous mes buttes d’igames et consommer mon maïs. J’étais vraiment décourager car je ne savais même plus comment nourrir ma famille ». Cette déclaration de Bayibié Nébié du village de Kounou dans la Sissili montre toute la difficulté des populations riveraines du ranch de gibier de Nazinga à cohabiter avec les éléphants de la zone. Afin de lutter contre ce fléau, l’Office national des Aires protégées (OFINAP) a formé une trentaine de paysans des villages riverains du Ranch sur les techniques de refoulement des éléphants.

Selon le formateur, l’inspecteur des eaux et forêts, Prosper Compaoré le dispositif enseigné aux paysans comprend les éléments suivants : « Premièrement, il faut distinguer la forêt et la zone de culture. De la forêt vers la zone de culture, il faut laisser un espace libre qui va donner à l’éléphant une impression qu’il a quitté sa zone d’habitation. Après cette zone, il faut mettre une barrière qui va faire comprendre à l’éléphant qu’il a effectivement changé de zone. Cette barrière comprend un élément olfactif (boites accrochés au fil) et un élément répulsif (mélange de piment, de graisse et de l’huile de vidange). » Il a ajouté qu’’après la barrière, le paysan doit semer des cultures non appétée par les éléphants tels que le gombo, le sésame, le piment ou autres cultures non désiré par l’éléphant. Et que c’est après cela que le producteur peut semer les cultures qu’ils désirent (maïs, mil, coton, etc.).

Ce dispositif utilisé dans la lutte passive est appuyé par les briquettes de piment dans le cadre de la lutte active. Une briquette de piment est composée de crotte d’éléphants et de piment. Il a fait savoir qu’au-delà du Centre Sud, la formation a concerné trois autres régions que sont les Cascades, les Hauts bassins et la région de l’Est.

« Le Ranch perd 3 à 10 éléphants par an par suite de représailles des populations »
 

Pour le Chef d’unité du Ranch de gibier de Nazinga, Dieudonné Yaméogo, ces formations viennent à point nommés car les conflits hommes-éléphants occasionnent d’énormes dégâts humains et matériels. « Les dégâts causées par les éléphants dans les villages riverains du Ranch sont très importants. Ce sont des dégâts qui portent sur les cultures d’ignames, du maïs du sorgho et de plus en plus du soja et du sésame. La plupart des 11 villages riverains sont touchés et il y a beaucoup de pertes de productions agricoles. Cela a pour conséquence, la désolation, la famine et la pauvreté », a-t-il affirmé.

M.Yaméogo a expliqué que ces conflits sont causés par le fait que les 600 à 700 éléphants du ranch se déplacent entre Nazinga, le parc Kaboré Tambi, la Forêt classée de la Sissili et les zones de production agricole. « Cette formation contribue donc à la résolution du conflit éléphants-populations humaines car nous perdons chaque année 03 à 10 éléphants par suite des représailles des agriculteurs contre cette espèce protégée. Si les populations sont outillés pour faire face aux éléphants, les dommages seront non seulement réduits, mais aussi les éléphants seront mieux protégés pour le bien être économique du Burkina », s’est-t-il réjoui.

Quant aux producteurs ils ont apprécié cette initiative de l’OFINAP qui leur permet d’être former sur les techniques communautaires de gestion des conflits homme-éléphants. « En tant que producteur, cette formation est la bienvenue car elle va nous permettre de réduire les conflits avec les éléphants. Ce qui est intéressant, c’est que la technique ne nous coûte pas cher et nous permet d’utiliser des matériaux locaux. Nous sommes pratiquement chaque année menacée par les éléphants. Je vais m’attelé à former aussi les autres paysans qui n’ont pas pu participer à cette formation pour qu’on puisse ensemble l’appliquer », a déclaré un des paysans formé, Bouliou Abdoul Razack.
 

Raphaël KAFANDO



12/09/2012
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