Il faut améliorer l’agriculture familiale
Lors d’une communication à l’occasion des 40 ans de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) le 13 novembre 2013 à Lomé au Togo, Alexis Bonte de la FAO a expliqué que bien que les pays de la zone UEMOA présentent une diversité et des potentialités indéniables qui se complètent d’un pays à l’autre, les aléas climatiques, leur récurrence, leur intensité et leur impact confirment les risques croissants pour une majorité de sa population. Et les moyens d’existence de celle- ci dépendent le plus souvent principalement des précipitations. Les producteurs de subsistance représentent encore plus de 40 millions de personnes vivant pour la plupart dans une situation de pauvreté, voire extrême pauvreté mais surtout de haute vulnérabilité. Il a fait savoir que les questions d’intégration régionale et de lutte contre la pauvreté ne vont pas se résoudre sans l’amélioration de l’agriculture familiale et la résilience de ses populations, y compris leurs écosystèmes. « La principale tendance, liée aux changements et à la variabilité climatiques, prévoit des baisses de production et pertes de l’ordre de 10 à 30 % selon les régions. Ces pertes seront dues principalement aux augmentations de température et des apports inadéquats en eau (inondations ou sécheresse). L’Afrique de l’Ouest représente l’une des régions les plus affectées par les effets des changements climatiques. Et encore une fois, les populations qui en paient le plus lourd tribut sont les petits producteurs de subsistance », a-t-il déclaré. Les Nations unies ont proposé que 2014 soit l’année internationale de l’agriculture familiale. En complément aux aspects de développement des capacités au niveau communautaire, il apparaît crucial d’investir dans l’irrigation (4 % des terres irriguées) et l’appui au pastoralisme qui semble être l’un des moyens de vie les plus résistants aux sécheresses. D’autre part, il est également très important de bien comprendre les dynamiques démographiques puisqu’il semble que la population devrait doubler en quelques décennies et surtout se déplacer vers les centres urbains (60 %) en devenant des consommateurs nets. Au niveau budgétaire, selon la Banque mondiale, il faudrait de l’ordre de 2,5 milliards de dollars par an durant une décennie pour transformer l’agriculture pour qu’elle soit plus résiliente. C’est une somme qui semble importante mais qui reste dans une certaine mesure abordable quand on la compare aux budgets cumulés des pays de la région. « Ensuite, tout comme l’on parle beaucoup de l’efficacité de l’aide et l’appui budgétaire, l’on peut également essayer de s’assurer qu’une plus grande proportion des budgets des programmes atteigne le plus directement les communautés, par exemple à travers un soutien aux initiatives de crédits-épargnes communautaires et de warrantage », a indiqué Alexis Bonte de la FAO. Selon lui, il est important de s’assurer d’avoir des informations pertinentes sur l’évolution des ressources naturelles pour une bonne prise de décision et d’avoir des arguments politiques, économiques, environnementaux et sociaux pour garder l’agriculture familiale au cœur des stratégies de développement. Il propose de développer des partenariats et synergies pour assurer une cohérence et une convergence des programmes, qui doivent non seulement responsabiliser et rendre redevables les preneurs de décisions et gestionnaires. Il faut trouver aussi les mécanismes de responsabilisation et l’engagement des communautés de producteurs pour que les investissements leur permettent d’exprimer au mieux leurs potentialités.
Raphaël KAFANDO
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