Impact des changements climatiques sur les femmes
L’agriculture pratiquée par la grande majorité de la population du secteur rural au Burkina Faso est une agriculture de subsistance. Chaque famille possède une petite exploitation où elle cultive des céréales (parfois d’autres cultures de rente). Ce sont des exploitations de type familial, de petite taille, et les céréales sont destinées à l’auto-consommation.
Les effets du changement climatique sur un territoire sont les mêmes pour ses habitants, mais les hommes et les femmes comptent sur différentes ressources ou capitaux pour faire face aux changements climatiques. De ce fait, la vulnérabilité des femmes est plus importante ainsi que l’impact sur leurs moyens d’existence.
La dégradation des ressources naturelles provoquée par le changement climatique affecte plus drastiquement les moyens d’existence des femmes. Elles sont, en effet, plus dépendantes du capital naturel pour leurs moyens d’existence (les hommes ont la possibilité de chercher du travail rémunéré).
Au niveau du capital physique, les parcelles des femmes sont plus vulnérables aux changements climatiques. Les jardins cultivés par elles, en groupe ou individuellement, sont très souvent des terrains de moins bonne qualité. N’étant pas propriétaire de ces parcelles, les femmes n’y investissent pas. De plus, elles n’y pratiquent pas les techniques d’adaptation telles que le zaï ou les cordons pierreux, n’ayant pas la force physique nécessaire. Elles n’ont pas accès aux outils adéquats (laissés pour le terrain des hommes) et les engrais sont souvent utilisés sur les terrains familiaux. En conséquence, ces terrains ont donc de faibles rendements et plus vulnérables aux changements climatiques.
Le principal effet de ces changements climatiques sur le capital humain des femmes est l’augmentation de la quantité de travail. Les sécheresses, les inondations ou le manque de pluies endommagent les récoltes de céréales ce qui signifie que les familles ne disposent pas de la quantité suffisante de céréales pour leur alimentation annuelle. Pendant le période de soudure, ce sont les femmes qui sont tenues comme responsables de garantir l’alimentation de la famille. Elles doivent redoubler d’efforts pour chercher des activités alternatives et pour obtenir les revenus afin de pouvoir acheter les aliments nécessaires. Elles passent plus de temps pour chercher l’eau et le bois du fait de leur plus grande rareté, de la désertification et surexploitation. L’augmentation de la quantité de travail ne laisse que peu de temps aux femmes pour se consacrer aux activités génératrices de revenus ou de participer à la vie communautaire. Comme impact indirect au niveau des foyers, les filles sont souvent amenées à s’absenter de l’école pour aller chercher de l’eau ou assumer des responsabilités de la mère qui n’a le temps de tout assumer.
De plus, en cas de manque d’aliments dû aux mauvaises récoltes liées aux changements climatiques, les femmes sont celles qui diminuent leur portion alimentaire indépendamment du travail physique qu’elles exercent, ce qui a des conséquences à long terme sur leur fatigue et leur santé.
Le capital financier se voit endommagé par les changements climatiques du fait des nombreuses pertes provoquées par les intempéries: récoltes en cas de faibles pluies, manque d’eau, dommage de l’habitat et perte d’animaux en cas d’inondation, et parfois décès dans le cas de sécheresses ou d’inondations. Les familles (hommes comme femmes) ensemble doivent chercher des activités alternatives pour obtenir les revenus pour subvenir à leurs besoins de base et récupérer leurs moyens d’existence. Mais ceci est rendu plus difficile pour les femmes qui n’ont pas d’épargne puisque leurs revenus sont utilisés dans leur intégralité pour l’alimentation, la santé et l’éducation de leurs enfants et dont l’accès aux crédits formels est en général difficile puisqu’elles n’ont de biens pouvant servir de garantie pour l’obtention d’un prêt (exemple : terre ou bétail pour les hommes). Quand les femmes participent de groupement féminin, les Caisses Populaires leur accordent plus facilement des crédits et cet argent est investi dans l’activité productrice que réalise le groupement.
Malgré le fait que les femmes dépendent pour leur moyen d’existence du capital naturel, elles ont un contrôle très limité sur ces ressources puisqu’elles n’ont pas accès à la propriété de la terre. De plus, elles ne participent presque jamais des plans et programmes de conservation et de gestion de ces ressource et n’ont pas le contrôle des forêts et sources d’eau qui sont sous le contrôle des hommes (les autorités villageoises ou institutionnelles où les femmes ne sont à peine représentées).
Les hommes ont un rôle productif; ils sont tenus responsables de cultiver les céréales, en plus de la maintenance et la construction de la maison, l’achat-vente du bétail et dans quelques cas du travail rémunéré. Les femmes ont un rôle reproductif: elles travaillent dans l’exploitation familiale ainsi que sur leur parcelle personnelle. Elles sont tenues de fournir les aliments pour toute la famille, de prendre soins des enfants et des malades, elles cuisinent, cherchent l’eau et le bois, récoltent et élaborent des produits pour la vente destinés aux marchés locaux et prennent soins de l’alimentation du bétail. En conséquence du changement climatique, les femmes maintiennent leur rôle reproductif mais voient augmenter leur rôle productif. Et cet impact négatif que les moyens d’existence des femmes ne se voit pas accompagner d’un questionnement ou changement en faveur d’une répartition plus équitable des responsabilités et devoirs entre hommes et femmes, et d’un accès et contrôle des capitaux plus justes. Les femmes agricultrices sont donc plus vulnérables aux changements climatiques.
Source: FEMMES, AGRICULTURE ET ADAPTATION AU BURKINA FASO: Analyse de l’impact du Changement Climatique sur les femmes du secteur agricole de Burkina Faso( Ana Mª Romero González et OXFAM)
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