L'OMS appelle à mieux prendre en compte les effets sanitaires du changement climatique
Selon le site actu-environnement, alors que Paris accueillera en 2015 la COP21, l'OMS a réuni des experts sur les liens entre santé et changements climatiques. Propagation des infections, émergence de nouvelles maladies et phénomènes météorologiques extrêmes sont redoutés.
"Notre planète est en train de perdre sa capacité de permettre durablement à l'homme de vivre en bonne santé", a déclaré Margaret Chan, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), lors de l'ouverture de la Conférence sur la santé et le climat, organisée le 27 août à Genève. "Les effets déterminants des variables climatiques sur la santé n'occupent pas encore une place suffisante dans les débats sur le changement climatique", a-t-elle ajouté.
D'après actu-environnement, c'est la raison pour laquelle, pour la première fois, l'OMS a organisé une conférence internationale sur les liens entre santé et changements climatiques. Près de 300 experts et représentants des Etats étaient réunis afin de dresser des recommandations en vue des prochains sommets sur le climat, organisés à New York le 23 septembre et à Paris fin 2015.
"Cette année, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat [Giec] a présenté le plus alarmant de ses rapports qui a fortement mis l'accent sur les conséquences pour la santé et a signalé plusieurs interventions sanitaires précises qui permettent d'améliorer la résilience face au changement climatique et contribuent au développement durable", a rappelé Margaret Chan.
Le site internet ajoute que l'OMS estime que, chaque année, 250.000 décès supplémentaires pourraient être imputés à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur entre 2030 et 2050. Les coûts sanitaires directs du changement climatique sont chiffrés entre 2 et 4 milliards de dollars par an d'ici 2030. Pourtant, estime-t-elle, des mesures d'adaptation pourraient sauver des vies "en préparant mieux les communautés à faire face aux effets de la chaleur, de conditions climatiques extrêmes, des maladies infectieuses et de l'insécurité alimentaire". C'est pourquoi l'OMS a installé, en juillet dernier, avec l'Organisation mondiale météorologique (OMM) un bureau commun, afin de coordonner le développement et l'utilisation des services climatologiques pour améliorer la santé publique.
rogression et émergence des maladies infectieuses
L'OMS craint d'abord une plus grande propagation des maladies infectieuses. "Le cycle de transmission de nombreuses maladies parmi les plus inquiétantes au monde est profondément déterminé par la chaleur et l'humidité, ainsi que les caractéristiques des précipitations", souligne Margaret Chan.
Le paludisme, mais aussi la dengue, sont transmis par des moustiques qui voient leurs taux de reproduction, de survie et d'activité augmenter avec la chaleur et l'humidité. "Ces variables météorologiques interviennent également dans la transmission des affections d'origine hydrique et alimentaire, tels que le choléra et d'autres maladies diarrhéiques [qui font déjà deux millions de victimes par an]. Un temps chaud et sec est propice à la méningite à méningocoques - qui sévit dans une bonne partie de l'Afrique", précisaient l'OMS et l'OMM dans un atlas de la santé et du climat, publié en 2012. Avec les évolutions climatiques, les saisons de transmission vectorielle des maladies pourraient être allongées, leur répartition géographique modifiée.
L'OMS redoute également l'émergence de nouvelles maladies : "Environ 75% des maladies humaines ont leur origine chez les animaux domestiques ou sauvages. Les variables climatiques, notamment celles qui influent sur la disponibilité des denrées alimentaires et de l'eau ont un impact direct sur les populations d'animaux sauvages, leur concentration et leur incursion dans les zones habitées", explique Margaret Chan. De ce fait, les populations sont au contact d'animaux porteurs d'agents pathogènes, ces derniers pouvant "franchir la barrière des espèces et infecter l'être humain, comme dans le cas du virus Nipah, en Malaisie, et de l'hantavirus, aux Etats-Unis". En revanche, elle précise que, si "certains font l'hypothèse que le changement climatique peut influer sur la fréquence des flambées du virus Ebola", cela n'est pas prouvé, bien que ce virus soit transmis par les chauve-souris et les singes.
Conséquences accrues pour les phénomènes extrêmes
Par ailleurs, l'accroissement des événements climatiques extrêmes devrait faire de nombreuses victimes. Crues, sécheresses, cyclones tropicaux, vagues de chaleur et tempêtes ont plus que triplé depuis 1960.Et les scientifiques prédisent une augmentation et une intensification de ces phénomènes. Certaines études prévoient, d'ici 2090, un doublement de la fréquence des sécheresses extrêmes, une multiplication par six de leur durée moyenne et une extension des zones touchées.
Outre les victimes directes et les déplacements de populations qu'ils provoquent, ces phénomènes sont propices au développement de maladies infectieuses, perturbent les services d'approvisionnement en eau et nourriture, et alimentent les conflits. D'ici 2020, la production vivrière pourrait réduire de moitié dans certains pays africains.
Le stress thermique, qui menace les populations les plus vulnérables, constitue également, pour l'OMS, une des priorités sanitaires des prochaines décennies : "Au-delà d'un certain seuil, chaque degré Celsius supplémentaire est susceptible d'accroître la mortalité de 2 à 5%", indiquent l'OMS et l'OMM, rappelant que la canicule de 2003 a causé 70.000 décès supplémentaires en Europe.
Les chaleurs extrêmes favorisent également les concentrations en pollen et augmentent les risques chez les populations. En Europe, par exemple, la période de croissance de nombreux végétaux débute plus tôt et dure plus longtemps qu'il y a dix ou vingt ans. Les pollens interagiraient également avec des polluants chimiques présents dans l'atmosphère.
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