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Remettre la mer Méditerranée en "bon état" d'ici 2020, un défi écologique

Une Grande Bleue en "bon état écologique" en 2020 ? C'est l'ambition de l'Agence de l'eau et de la Direction interrégionale de la mer Méditerranée (DIRM), via un plan de 600 millions d'euros sur six ans, dont six pour mieux sensibiliser la population aux efforts à faire.

"La qualité écologique de la mer, c'est une nouvelle conquête. Notre travail, c'est de la faire sortir des laboratoires de recherche pour l'introduire dans les modes de gestion. On ne fait pas le bonheur de la Méditerranée sans les Méditerranéens", souligne Martin Guespereau, directeur de l'Agence de l'eau pour la région Rhône-Méditerranée et Corse.

Cette dernière vient d'annoncer son 10e programme d'intervention (2013-2018) en faveur de la Méditerranée occidentale, dont le budget de 600 millions d'euros marque une nette hausse (25% environ) par rapport aux précédents.

"On engagera désormais 100 millions d'euros par an pour préserver la mer, c'est une manne financière gigantesque", relève M. Guespereau. Ce programme étant la cheville ouvrière d'un plan d'action mis en place avec la DIRM pour répondre à une directive cadre européenne de juin 2008, qui prévoit un retour au "bon état écologique" du milieu marin au plus tard en 2020.

La première tâche a été de définir ce "bon état" - qualité de l'eau, analyse des chaînes alimentaires, préservation des fonds et de l'habitat sous-marins - par rapport à un "point zéro" correspondant à la situation actuelle.

"10% des +petits fonds+ (jusqu'à 20 mètres, ndlr), où poussent encore des herbiers, sont aujourd'hui détruits", indique par exemple M. Guespereau, les littoraux des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes étant les plus touchés. Certains usages de la mer sont en cause, de l'ancre de plaisance qui arrache les herbiers de Posidonie, riches en biodiversité, au chalutage de fond.

La première des préoccupations concerne cependant les flux polluants, dont "80% sont d'origine terrestre", pointe Pierre-Yves Andrieu, directeur de la DIRM, et dont la stratégie de réduction absorbe 75% du budget du plan d'action.

80% des flux polluants d'origine terrestre

Une cartographie de la façade littorale méditerranéenne allant de Perpignan à Nice, établie en juin 2012, montre les apports importants du Rhône en polychlorobiphényles ou PCB, dont des traces ont pu être retrouvées dans la chair de merlus du golfe du Lion, ou les nombreux contaminants chimiques relevés dans les rades de Marseille et de Toulon, comme les dioxines, le plomb ou le tributylétain, utilisé pour le traitement des coques des navires.

Selon l'Agence de l'eau, certains indicateurs sont encourageants, avec une amélioration des stations d'épuration sur le littoral, un recul de la pollution de l'eau par les phosphates et une recrudescence, semble-t-il, du thon rouge.

Mais d'autres restent mauvais, comme les nitrates ou les espèces invasives (poissons, algues, crustacés, mollusques, etc.) --on en compte 31 sur les 328 recensées en Méditerranée-- qui arrivent avec les eaux de ballast des navires ou lors du transfert de produits d'aquaculture. Sans parler des dégazages.

Un gros effort reste aussi à faire en matière d'assainissement, selon la même source, pour les eaux pluviales: trop de stations d'épuration débordent encore à chaque orage, à l'instar de celle de la vallée de l'Huveaune à Marseille, qui provoque régulièrement des fermetures de plages.

La préservation des habitats marins, qui pâtit des terrains gagnés sur la mer par la bétonisation du littoral, est également une priorité du plan. A trente mètres de profondeur au large des plages du Prado à Marseille, l'immersion de 30.000 m3 de récif artificiel, le plus grand d'Europe, à l'été 2008, a engendré depuis une hausse de 30% de la biodiversité locale.

© 2012 AFP



09/07/2012
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