« Déchets plastiques : Carton rouge aux sociétés qui polluent »
Apparu dans les années 70, le sachet plastique a envahi la vie quotidienne des villes et campagnes. Pas un mètre carré sans un sachet plastique. Importé ou produit sur place au Burkina par des sociétés, la fabrication du sachet plastique nécessite une matière première non renouvelable (produit pétrolier), beaucoup d’eau, d’électricité et génère des émissions polluantes. De couleurs noires généralement, depuis la publicité du Ministère en charge de l’environnement d’alors, fustigeant le « sachet noir », les commerçants ont trouvé génial d’introduire les sachets plastiques de couleurs blanche, bleue, jaune, rouge, etc., comme si c’était la couleur qui était incriminée et non la matière. Pourtant, le sachet plastique est plus nuisible qu’utile. Il faut savoir que sa durée de vie utile est d’environ une trentaine de minutes à la sortie des caisses mais il met plus de 400 ans à se décomposer ! Une étude réalisée dans le cadre du troisième Projet urbain montre que la ville de Ouagadougou produit plus de 3 tonnes de déchets plastiques par jour (représentant environ 6% en volume des déchets solides produits par jour). Le sachet plastique présente de nombreux inconvénients pour la nature et la santé humaine et animale. A titre d’exemples, citons entre autres, le spectacle des sachets plastiques multicolores dispersés çà et là, décorant tristement les arbres, les chaussées dans nos villes et villages. Les sachets plastiques favorisent également, la stagnation des eaux, ainsi que la propagation de maladies hydriques (choléra, la fièvre typhoïde, la dysenterie, le choléra, l’hépatite, la poliomyélite, les parasitoses intestinales et la fièvre jaune) et du paludisme. Les sachets s’enfouissent dans le sol petit à petit puis, constituant une barrière souterraine pour les racines et les eaux. Cela provoque le réchauffement des plantes dû à la température ambiante déjà élevée, la diminution de l’aération des sols, la baisse de rendement des espaces cultivés. Par ailleurs, l’incinération de plastiques pose d’importants problèmes de pollution. En effet, lors de l’incinération, il se produit un dégagement des métaux lourds et de dioxine contenus dans l’air et les cendres solvants qui se déposent sur les plantes et le sol, entrent dans la chaîne alimentaire et vont s’accumuler dans les organismes humains et des animaux. A de fortes concentrations par accumulation, ils entraînent un effet cancérogène chez l’homme, des actions négatives sur le système immunitaire et des effets néfastes sur la reproduction. Autant de nuisances qui font que des pays ont déjà pris des mesures interdisant ou tendant à réduire l’utilisation des sachets plastiques. A titre d’exemple, l’Assemblée nationale française a voté en octobre 2005, l’interdiction de la commercialisation des sacs plastiques non biodégradables à partir de 2010. En Afrique, des pays comme l’Afrique du Sud, la Tanzanie (depuis 2006), le Rwanda, le Gabon ont interdit l’utilisation des sacs en plastique. Le Kenya, l’Ethiopie, le Ghana ont introduit des règles limitatives. Comment comprendre alors qu’au Burkina Faso, malgré la volonté politique de protéger l’environnement pour un développement durable, qu’aucune mesure ne soit encore prise ? Mieux, des sociétés d’Etat pour des besoins de gadgets publicitaires achètent des milliers de sachets plastiques par an. A la limite, on pourrait comprendre que les sociétés privées le fassent parce que la responsabilité environnementale des entreprises n’est pas encore appliquée avec rigueur dans notre pays. Mais les sociétés d’Etat, censées être les bras opérationnels des politiques nationales devraient donner le bon exemple, en optant pour des solutions plus écologiques.
Des alternatives aux sachets plastiques existent
On constate que les gadgets de la plupart des sociétés sont distribués avec des sachets plastiques aux logos de celles-ci. Pourtant des solutions écologiques il en existe avec des éco-sociétés qui commercialisent les sachets 100% biodégradable et compostable ou des sachets en papier kraft. Les sachets 100% compostable peuvent être récupérés pour produire du compost pour soutenir la production maraîchère et agricole, ce qui en fera un double bénéfice et une solution structurelle à la pollution par les sachets plastiques. Et les sociétés améliorent aussi, leur visibilité en matière environnementale ! La dernière session du Conseil économique et social (CES) a fait une recommandation sur l’interdiction des sachets plastiques. Gageons que cette recommandation sera suivie par le gouvernement, car des solutions alternatives existent. Même si les sachets écologiques coûtent relativement plus cher, il suffit d’appliquer une fiscalité écologique (sur taxation des sachets plastiques et détaxation des sachets écologiques) pour rendre les sachets écologiques économiquement viables.
Gageons enfin, que le premier responsable du Ministère de l’environnement et du développement durable, qui est une personne avertie de la question pour avoir dirigé et publié de nombreux travaux de recherche sur la problématique alors qu’il était à l’université, pourrait amener à la raison les sociétés pollueuses en sachets plastiques pour assainir davantage le cadre de vie des Burkinabè.
Ecrit par Gaston SOBGO et synthétisé par Raphaël KAFANDO
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