Reverdissement au Sahel Awa Ouoba se penche sur la réalité du terrain
Pounyala Awa Ouoba a été reconnue digne d’être docteur en Géographie avec la mention très honorable.
Les changements climatiques ont des effets néfastes sur les écosystèmes et sur les activités socioéconomiques dans le monde et particulièrement dans les endroits aussi fragiles que le Sahel en Afrique de l’Ouest. C’est pourquoi Awa Ouoba s’est intéressée à cette zone en soutenant une thèse de doctorat dont le thème est : « Changements climatiques, dynamique de la végétation et perception paysanne dans le Sahel burkinabè ». C’était le samedi 27 juillet 2013 à l’Université de Ouagadougou.
Après trois ans de dur labeur, Pounyala Awa Ouoba a finalement soutenu sa thèse unique de doctorat le 27 juillet 2013, à Ouagadougou. Selon le directeur de l’Ecole doctorale/Lettres, Sciences humaines et Communication (ED/LE.SH.CO), Pr Mahamadé Sawadogo, Mme Ouoba est la première du Département de Géographie à soutenir une thèse au sein de l’Université de Ouagadougou. Les autres ayant soutenu à l’extérieur du Burkina. Pendant plus de deux heures, Pounyala Awa Ouoba s’est penchée sur le thème : « Changements climatiques, dynamique de la végétation et perception paysanne dans le Sahel burkinabè ». En effet, certaines études menées sur la zone sahélienne ont tendance à montrer un certain reverdissement du Sahel suite aux changements climatiques. Les enquêtes menées par la doctorante Awa Ouoba sur le Sahel montrent que la réalité du terrain est tout autre. Pour elle, s’il y a reverdissement, il ne peut qu’être relatif. En effet, son étude dans la région sahélienne au Nord du Burkina c’est-à-dire dans le Soum, l’Oudalan et le Séno montre que d’une manière générale, les évolutions de la pluviométrie et de la végétation ne sont pas suffisantes pour conclure à un reverdissement du Sahel. Elle a fait savoir que l’analyse de l’évolution du climat et de la dynamique récente de la végétation au Sahel montre une évolution négative en général, des paramètres climatiques, des tendances de croissance contrastées de la biomasse, en fonction des années et une tendance générale à la dégradation entre 1990 et 2010 dans les 3 villages étudiés.
Par ailleurs, Awa Ouoba s’est appesantie sur les perceptions des populations locales sur les effets des changements climatiques. Les enquêtes montrent que la majorité de la population pense qu’il y a une dégradation des ressources naturelles. Ces populations ont l’impression que le couvert végétal a connu une régression, que la diversité floristique et la quantité d’eau ont diminué, et que la fertilité du sol baisse ... En outre, les populations constatent un début tardif de la saison pluvieuse dans certains villages du Sahel, une fin précoce de la saison des pluies, un accroissement des poches de sécheresse et l’augmentation de la température durant la saison sèche et pluvieuse. Face à cette situation, les populations s’adaptent en adoptant plusieurs stratégies culturales. Il s’agit entre autres de l’adoption de variétés nouvelles ou améliorées, de l’utilisation de la fumure organique et des bas-fonds, du soin des cultures, etc. En élevage, les populations s’adaptent en utilisant des résidus agricoles, en pratiquant la transhumance et à acheter des compléments alimentaires. En somme, Mme Ouoba retient une bonne perception des populations paysannes de l’évolution négative du climat et des ressources naturelles et l’existence de beaucoup de stratégies d’adaptation surtout, réactives pour faire face aux impacts climatiques au Sahel. « Ces résultats prouvent une concordance des perceptions paysannes avec l’analyse spatiale de la dynamique de leurs terroirs et celle des données météorologiques », a-t-elle conclu.
Le Jury a apprécié la persévérance de l’impétrante.
Le jury, composé du président, Pr Moussa Ibrahim Bozou de l’Université Abou-Moumouni de Niamey, du directeur de la thèse, Pr Evariste Da Dapola de l’Université de Ouagadougou, du rapporteur, Pr Tanga Pierre Zougrana de l’Université de Ouagadougou, de l’examinateur, Pr Aliou Guissé de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar et de l’examinateur, Pr Ousmane Nebié de l’Université de Ouagadougou, a accordé la mention "très honorable" à Mme Ouoba. Il a apprécié le courage et la persévérance de la désormais Dr Pounyala Awa Ouoba et l’a exhortée à continuer dans ce sens dans ses futures recherches.
Raphaël KAFANDO
A découvrir aussi
- Protection de la couche d’ozone : 25 ans après, que de chemin parcouru !
- Pluie du 15 janvier à Ouagadougou : Une situation causée par des perturbations météorologiques en Europe
- L’agroforesterie mérite d’être prise plus au sérieux au Burkina
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 68 autres membres