Sauver les abeilles pour la survie de l’humanité
Imaginez un matin où il n y aurait plus de miel, de confiture, ni de jus d’orange, de pomme…et sans aucun doute des produits laitiers plus rares. Ce serait comme si « les dieux nous étaient tombés sur la tête » pour paraphraser le titre de ce célèbre film comique. Pourtant, c’est ce qui risque d’arriver si la disparition massive des abeilles continue comme c’est le cas actuellement. Les abeilles désertent de plus en plus leurs ruches et disparaissent par milliards. Le phénomène touche à présent toute la planète. Qualifié de désastre écologique, il menace aujourd’hui l’agriculture et par-là même la survie de l’humanité. Pourtant, même s’il est multifactoriel, le dépérissement des colonies d’abeilles semble essentiellement imputable aux activités de l’homme et leurs influences sur les équilibres écologiques. En 2006 et 2007, les Etats-Unis tiraient déjà la sirène d’alarme : les abeilles disparaissent de manière massive et brutale. Partout dans le monde, une très forte mortalité des abeilles a été enregistrée à la fin de l’année 2006 ou après l’hiver 2007. On estime ainsi à près de 60 % la perte des colonies aux USA. En outre, 40 % des ruches se sont vidées au Québec, 25 % des colonies sont décimées en Allemagne, idem à Taïwan, en Suisse, au Portugal, en Grèce et dans de nombreux autres pays d’Europe.
Au Burkina, un article paru dans L’ObservateurPaalga du 15 novembre 2006, indique que les abeilles avaient « foutu le camp » dans la région de l’Est considérée comme la ruche du Burkina. Le même article affirme qu’entre 2004 et 2006, la colonisation des ruches par les abeilles a chuté de près de 50%. Quant à ce qui pourrait expliquer cette situation, les chercheurs et les apiculteurs avancent de nombreuses hypothèses car aucune cause principale n’a encore été clairement identifiée. Ce qui laisse perplexe les spécialistes sur la question. Toutes les pressions sur l’écosystème et la santé des abeilles sont passées en revue : OGM, ondes électromagnétiques, pesticides, pollutions, changement climatique, raréfaction des fleurs, virus, maladies, parasites, champignons...
En ce qui concerne les pesticides, il est évident que les abeilles sont affaiblies par tous les insecticides systémiques répandus sur les cultures. Ces substances affectent le système nerveux des insectes. Les abeilles deviennent, par exemple, incapables de retrouver leur ruche. Quelques études montrent également un lien entre les ondes électromagnétiques et la perturbation des abeilles. Les téléphones portables et les multiples antennes relais, les lignes à haute tension pourraient donc participer au déclin des abeilles.
Les OGM jouent aussi un rôle néfaste parce qu’ils contiennent des insecticides.
Le climat, plus instable, moins prévisible, affecte également les abeilles, notamment avec les extrêmes météorologiques (sècheresses, inondations, etc.) de plus en plus fréquentes. La perte d’espaces naturels dans la plupart des régions du monde est également alarmante. Les prairies naturelles sont de plus en plus rares, cédant leurs places à une agriculture intensive particulièrement pauvre du point de vue de la biodiversité. Ainsi, les ressources alimentaires des abeilles se sont fortement appauvries, or le pollen demeure leur unique source de protéines. Même les particuliers dans leurs jardins favorisent trop souvent la pelouse et les pesticides aux multiples fleurs qui poussent spontanément. Cette situation est très inquiétante car une disparition des abeilles signifierait que 65 % de nos plantes agricoles sont menacées, soit 35 % de notre alimentation. Les cultures maraîchères et fruitières dépendent, par exemple, à 90 voire 100 % des abeilles. De plus, l’abeille permet avec la participation d’autres insectes pollinisateurs, la reproduction des plantes fourragères et des oléagineux qui servent de base à la nourriture des animaux qui assurent la production laitière. Si elles venaient donc à disparaître, le changement serait tellement énorme qu’il est impossible d’en mesurer les conséquences pour l’environnement et pour l’homme. L’abeille étant considérée et utilisée comme sentinelle de l’environnement dans de nombreuses recherches actuelles, sa disparition traduit bien l’état de plus en plus défectueux de la planète en ce XXIème siècle.
Raphaël KAFANDO
A découvrir aussi
- Économie verte, le Burkina en fait-t-il partie ?
- Des villes plus vertes, un enjeu crucial pour la sécurité alimentaire africaine
- Galapagos: la tortue "Georges" est morte, mais son espèce survit encore
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 68 autres membres