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Engagements chefs d’Etat africains à Maputo : panel sur les résultats et les perspectives après 10 ans de mise en œuvre au Burkina Faso

Par Jean W. Keberé

Responsable Media et Communications

Oxfam / Burkina Faso

 

La campagne CULTIVONS a organisé le 11 Juillet 2013, à l’Université de Ouagadougou, un panel sur l’état des lieux et les perspectives des engagements de Maputo, dix ans après leur adoption par les chefs d’Etat.

Arrivé une demie heure avant le début du panel, en compagnie d’Issaka Ouandaogo, responsable du programme CULTIVONS au Burkina, je vois les jeunes du Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso (CNJ/BF), membres de la campagne CULTIVONS, et responsabilisé pour le présent panel ; qui s’activent pour faire les dernières retouches avant la conférence. A mesure qu’approche l’heure du début du panel, l’amphi Aimé Nikiema de l’Université de Ouagadougou commence à se remplir de monde : étudiants, invités et acteurs du domaine, tous voulaient avoir une idée nette sur le financement de ce secteur qui touche environ 80% de la population burkinabè, le secteur agricole. Malgré la chaleur ambiante (ventilation en panne), ils sont restés pendant plus de 2 heures d’horloge pour comprendre les tenants et les aboutissants des engagements de Maputo par rapport à l’agriculture.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par Monsieur Boureima NABALOUM, Directeur Général de la Promotion de la Jeunesse, représentant le Ministre de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi, parrain de la cérémonie .

Le groupe des panelistes était composé de M. Pascal Saga Ilboudo, secrétaire permanent de la Coordination des politiques sectorielles agricoles (SP/CPSA), de M. Alain Siri du Centre d'analyse des politiques économiques et sociales (CAPES), et de Mme DAYAMBA/SERIMA Bidou Marie-Eunice, chargée de genre et des droits humains au Centre d'information, de formation et d'études sur le budget (CIFOEB). La modération du panel a été assurée par M. Remis Fulgance Dandjinou, Directeur de la télévision Canal 3.

Les panélistes ont tour à tour fait ressortir les efforts du Burkina qui, de 2004 à 2012, a alloué en moyenne 10,2% de son budget au secteur agricole, et ce pourcentage est de 12, 25% pour l’année en cours. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, ont-ils insisté : des insuffisances demeurent, notamment du fait que plus de 60% de ce budget alloué à l’agriculture dépend de l’aide extérieure. Selon le SP/CPSA, l’Etat ambitionne d’inverser cette tendance dans les prochaines années pour qu’au moins 60% du budget annuel prévu pour le secteur agricole proviennent de ses ressources propres.

La parole a été ensuite donnée aux participants pour les questions et commentaires. Les questions des étudiants ont surtout porté sur les insuffisances du financement agricole au Burkina Faso, notamment avec les résurgences des situations d’insécurité alimentaire, la malnutrition, la volatilité des prix des céréales, le délaissement du secteur de l’élevage, le manque de formation de spécialistes de l’agriculture à l’Université de Ouagadougou etc.

A toutes ces réponses, les panélistes ont tenté d’apporter des réponses, et des participants dans la salle ont aussi apporté leurs contributions. Le troisième adjoint au Maire de Ouagadougou, M. Salif Tiemtoré, a ainsi souhaité que le sous-secteur de l’élevage ne soit pas oublié car dit-il, l’élevage « contribue à plus de 40% des revenus des acteurs ruraux, alors que dans les investissements l’élevage n’a même pas 1%». « Nous passons le temps à exporter sur pied, et nous perdons beaucoup, alors pourquoi ne pas réfléchir sur notre politique de l’élevage », a-t-il poursuivi.

Le député, Rasmané Ouédraogo, a quant à lui, insisté sur des paramètres lourds à prendre en compte dans la politique agricole actuelle, notamment les effets néfastes des changements climatiques, et les effets pervers des industries extractives qui accaparent de plus en plus de terres et détruisent l’environnement.

Le panéliste, M. Pascal S. Ilboudo, reconnaît que « il n’y a pas eu suffisamment d’appui au niveau de la valorisation de la production, à travers le développement de l’agro-industrie et la commercialisation pour pouvoir accroître la valeur ajoutée de ce que nous produisons au niveau de l’agriculture et l’élevage».

En somme, même si le chemin parcouru est appréciable en termes de financement de l’agriculture au Burkina, il est loin d’être satisfaisant. Il est important que davantage de ressources publiques soient allouées au secteur agricole mais surtout que ces ressources soient dirigées vers les points névralgiques du développement socio-économique c’est-à-dire la production familiale et les petites unités communautaires de transformation.

Il est important que les investissements entrepris aient rapidement des impacts positifs tangibles sur la vie des populations. Et de ce fait, l’agrobusiness vers lequel s’oriente de plus en plus la politique agricole, même s’il laisse miroiter des opportunités pour le pays, cache en réalité des dangers d’expropriation, d’appauvrissement et, à la longue, de révoltes des populations du fait que cette approche fondée sur le libéralisme économique, n’est généralement pas suffisamment encadrée et suivie.

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Vue du présidium à la cérémonie d’ouverture : de gauche à droite, Mme DAYAMBA/SERIMA Bidou Marie-Eunice, représentant la CIFOEB, M. Adam Boris Ouédraogo, président du CNJ/BF, M. Boureima NABALOUM, Directeur Général de la Promotion de la Jeunesse, et Benoît de Waegeneer, gestionnaire de programme d’Oxfam basé à Bruxelles.



22/07/2013
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