Le péril écologique du Burkina
Samedi 19 novembre 2011 au parc urbain Bangr-wéogo, un couple d’amoureux effectue une balade matinale avec leur enfant. Entre temps, tenaillé sans doute par la soif, monsieur vide un sachet d’eau et jette l’emballage dans les herbes. Madame en fait autant tandis que leurs fils déballe rapidement un sachet de bonbon qu’il laisse trainer sur la voie. Des actes pareils, des Burkinabè en posent des milliers chaque jour. Et cela, sans mesurer l’ampleur des dégâts que ces gestes de tous les jours peuvent entrainer sur leur santé et pour la survie même de l’humanité. Dans les villes et les campagnes, l’usage des emballages plastiques s’est accru à un rythme sans précédent. En effet, les biens courants de consommation des ménages tels que les gobelets, les seaux, les bidons, les emballages ou sachets pour ne citer que les plus usuels, sont en plastique du fait de sa commodité d’utilisation, de sa durabilité et de son imperméabilité. Le plastique a donc remplacé, sinon acquis la prédominance sur les ustensiles traditionnels dans la majorité des foyers burkinabè. De ce fait, les communes et villages sont en train de devenir, s’ils ne le sont déjà, des dépotoirs de sachets en plastique de toutes sortes. Une femme a-t-elle fait les emplettes au marché, qu’elle jette, après usage, le sachet dans la rue ou sur des tas d’ordures puantes, avoisinant ou jouxtant les habitations. Un homme achète un quart de pain, on le lui enfile dans un sachet bien noir. Pire, les sachets sont doublés, voire triplés quand il s’agit d’y mettre des repas bien chaud à l’abri de tout regard indiscret. Pourtant, la matière plastique, en dépit du fait qu’elle facilite la vie quotidienne, présente un danger pour l’environnement. En effet, l’utilisation massive des sachets plastiques devient encombrante après usage et la solution envisagée est le rejet dans la nature. Or, en la jetant dans la nature, la matière plastique peut y demeurer pendant cent à quatre cent ans, polluant dangereusement l’environnement pendant tout ce temps. Il se pose alors le problème de la gestion des plastiques. Si elles sont enfouies dans le sol, il faudra des centaines d’années pour qu’ielles soient désintégrées. Entassées et brûlées dans les dépôts sauvages, elles dégagent de la dioxine, un gaz qui est néfaste à la santé humaine et animale car son inhalation est à l’origine, notamment des maladies pulmonaires, de certains cancers, des attaques du système nerveux, des problèmes cardiovasculaires et même des déficiences intellectuelles chez les enfants. Les sachets plastiques sont emportés alors par le vent et entraînent des nuisances visuelles dans les villes. A cet égard, les emballages offrent un spectacle désolant lorsqu’ils sont accrochés à des barrières physiques comme des arbres ou arbustes, des grillages. Ceux-ci ont un impact sur le cheptel, polluent l’air lorsqu’ils sont incinérés et asphyxient le sol du fait de leur imperméabilité réduisant ainsi les capacités d’absorption des plantes. Dans ce fait, l’initiative du ministère en charge de l’Environnement de réaliser l’opération « zéro sachet plastique dans la commune de Ouagadougou » est à saluer. Cependant, les autorités de ce département ministériel doivent aller plus loin en étendant cette pratique sur tout le territoire ou en supprimant tout simplement les sachets plastiques. Il est vrai que les enjeux économiques sont peut-être énormes en la matière, mais au vu des conséquences néfastes que les sachets représentent, il est temps que l’on prenne des décisions courageuses tendant à sa suppression. D’autant plus que d’autres pays comme le Rwanda l’ont fait et ça marche !
Raphaël KAFANDO
A découvrir aussi
- Tas d’immondices sauvages à Ouagadougou : Un peu de civisme SVP !
- « Déchets plastiques : Carton rouge aux sociétés qui polluent »
- Le projet de loi sur le plastique adopté en Conseil de ministre
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 68 autres membres