Plus de 50 000 tonnes de pesticides périmés en Afrique
De nombreux pays en développement importent des pesticides pour augmenter leur production agricole et lutter contre les maladies vectorielles, telles que le paludisme. Mais après un certain temps, ces produits deviennent inutilisables et dangereux. Aujourd’hui en Afrique subsaharienne, des milliers de tonnes de pesticides périmés dégradent l’environnement. Ces produits polluants peuvent causer des cancers, des allergies, des troubles de la reproduction, des dérèglements immunitaires et des lésions du système nerveux. Par ailleurs, les pesticides obsolètes menacent les équilibres environnementaux dans le continent noir. Ainsi, selon un rapport du Programme africain relatif aux stocks de pesticides obsolètes (PASP), la quantité de pesticides obsolètes disséminés à travers l’Afrique est estimée à environ 50 000 tonnes. Le PASP estime que ces derniers sont dangereusement, stockés dans des pays africains depuis plus de quarante ans. Dans bien des cas, ces produits dangereux se trouvent dans de mauvaises conditions de stockage, car parfois abandonnés en plein air ou gardés dans des magasins inadaptés près de zones habitées ou de points d’eau. Par exemple, au Burkina Faso, on estimait l’utilisation des pesticides à environ 2533 tonnes de produits formulés avec une valeur sur le marché de 12,665 milliards de FCFA (en 1997) et ce, uniquement sur les cultures de coton, de canne à sucre et par les services de protection des végétaux. Le taux de croissance de l’utilisation des pesticides par an atteint 11%. Environ 185 spécialités commerciales (une centaine de matières actives) sont en circulation actuellement au Burkina Faso, dont 75% sont des matières actives ayant une activité insecticide, acaricide ou nématicide. C’est pour débarrasser l’Afrique de ces menaces sanitaires et environnementales que le PASP a été conçu par des ONG internationales (WWF, Pesticide action network et le CropLife international) avec l’appui de partenaires au développement comme la Banque mondiale et la FAO. Ces stocks de produits chimiques périmés sont une grave menace pour l’environnement et les populations des pays en développement. La plupart d’entre eux, comme le DDT, sont des polluants organiques persistants (POP) qui s’accumulent dans les tissus adipeux des organismes et entraînent de nombreux problèmes de santé. Depuis l’adoption de la Convention de Stockholm sur les POP, en 2001, l’utilisation de certains de ces produits a été soit interdite, soit strictement limitée. Dans la plupart des cas, ces stocks s’étaient accumulés, lorsque des pays s’étaient approvisionnés en pesticides pour lutter contre les invasions de criquets pèlerins dans la région. Puis, plusieurs facteurs ont contribué au problème actuel : stocks de pesticides mal entreposés et mal gérés, produits inefficaces, mauvaise coordination des dons ou achats de pesticides et pratiques abusives de certains fournisseurs poussant à l’achat. L’élimination de ces stocks dangereux est une priorité pour le développement. Les communautés rurales ne peuvent prospérer, si le sol et l’eau, dont leurs activités et leur santé dépendent, sont contaminés par des pesticides. Il en est de même des habitants des villes qui ne peuvent prétendre à une vie meilleure, s’ils souffrent de maladies graves provoquées par des pesticides toxiques.
Raphaël KAFANDO
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